Sunday, March 2, 2008

Enwoye, deboute!

J'ai dû réécrire ce post 40 fois en me disant qu'à un moment donné, va ben falloir que je clique sur "Publish" et que j'accepte les conséquences de ce que j'ai écris. J'ai dû virer autour du pot une bonne heure avant de toute enligner mes pensés toute droite comme des petits canards à duvet jaune qui traversent la rue devant mon char. Donc, après toute cette réflection, et un bon petit shiraz australien, j'me suis dis qu'il est temps de prendre une résolution pour l'année du rat. Une nouvelle année commence, c'est le temps là, aujourd'hui, maintenant! Pas le genre de résolution qu'on prend à chaque années et qui pète rendu au mois de mars là, je vais m'inscrir à un gym, je vais manger mieux, bla-bla-bla... Non-non, une vrai résolution, une qu'on va respecter, mettre des efforts et y tenir "tight". Et pour formuler cette nouvelle résolution, quoi de mieux que de la prononcer haut et fort dans le plus beau language que j'ai a offrir:

Dans l'cul les délais! Dans l'cul l'attente!

Il n'y a pas d'autre façon de le dire. J'ai vraiment cherché à sortir ça autrement mais je n'ai toujours pas trouvé. Désolé pour ceux que ça offence, mais c'est comme ma petite thérapie perso ici là, et par souci de tranparence, je vais m'assurer que vous l'ayez bien comprise ma résolution de l'année du rat.

Dans l'cul les délais! Dans l'cul l'attente!

Essayez! Vous allez voir, ça fait du bien!

[...]

Wo menute! T'es qui twé pour dire des affaires de même?

Et là, j'en vois qui s'en viennent vers moi à la grande course avec une brique pis un fanale pis ils me disent: "ben oui, toi et ta femme, vous n'attendez un, elle va accoucher dans moin de 5 mois. Toi pis t'es osti d'photos d'echo - j'suis ben content pour toi, mais là, lâche de nous faire chier avec ça. Tu sais pas c'est quoi la shit, t'as pas vécu ce que j'ai vécu! Tu l'sais pas ce que j'vis. Innocent!"

Non, je ne l'ai pas vécu. C'est vrai. En faite, je n'ai pas vécu la même chose... C'est vrai que j'ai pas vécu le stress "d'essayer" d'avoir des enfants bio, essayer semaines après semaines, mois après mois, ça ne marche pas, pas capable, jamais rien. Les expériences de cliniques qui tounes mal, j'en ai pas vécu. S'endormir à 3h15 du matin en pensant qu'a une chose et se lever 2h plus tard encore tout pucké en pensant encore à la même chose, je n'ai pas vécu ça non plus. Brailler pendant des semaines en voulant tout casser dans maison - pas vécu. Mon corp ne vaut rien puisque ça ne fonctionne pas comme du monde, donc j'vaux rien, je n'ai pas vécu ça non plus... Tomber dans une espèce de dépression, être malheureux, misérable et flat ... Jamais eu ça? Ehhh...

[...]

Expose myself

Ça l'aire que c'est différent pour un gars comme moi.

À 24 ans 11 mois et 3 semaines, j'étais dans l'métro et j'ai senti quelque chose de pas normal. Ça tounait pas rond dans le pentalon. J'ai décidé de consulter puisque je commencais à me poser de sérieuses questions. Une couples de jours avant ma fête de 25 ans, on m'annonce que j'ai le cancer. "Faque là mon boy, on va t'en aracher une, tu va souffrir le martyr et peu de temps après, tu va avoir droit à un beau traitement de radio-thérapie et tu va vomir partout sur le plancher pendant une couple de semaines. Et après ça, on verra.

Bonne fête le grand!

Un an après, physiquement totalement remit, mais mentalement, pas tout à fait... J'avais encore des inquiétudes quant à mes capacités... Tsé... Les études et les statistiques disent tous que dans la majorités des cas, les hommes ne deviennent pas stériles suite à un cancer comme ça. Dans la majorités des cas... Ouin... Eh, mais moi? Suis-je un cas de majorité, est-ce que je rentre dans les stats? Ça va tu marcher quand même? Et là, s'en suit un super longue période de questionnement débile sur mes capacités a faire des enfants, capacités à élever des enfants même si j'suis pas "normale", à les aimer autant que les autres parents, être un bon papa? Bla, bla, bla, grosse période de profondes questions existentielles pas rapport qui sont ma foie, pas très "normale" pour un gars de 25 ans. En bon québecois, ça se résume à: "est-ce que, parce que j'ai un "morceau" en moin, que j'vaux moin?"


Down with the sickness

Pis là, le gars, y va pas bien; y va pas bien pantoute. Je me questionnais sur prèsque tout, je me demandais principalement si le cancer allait revenir, plus de confiance en sois, perd ma job, la blonde qui freak, plus capable de m'en trouver une autre job puisque je flop tous mes entrevues, plus capable de jouer de la guitare comme du monde, plus d'inspiration, plus de goût de faire rien. J'me couche à 3h15 du matin en pensant à une chose et j'm elève 2h plus tard en pensant la même chose: j'va tu passer au travers?! J'ai envie de toute casser dans maison, parce que y'a rien qui arche à ma manière. Mon corp est fucké donc, j'vaux pus grand chose. J'veux juste toute sacrer là et foutre le camp ailleur. Loin. Très loin. Dépressif. Malheureux. Misérable. Flat.

[...]

I know it's hard on a rainy day
You wanna shut the world out and just be left alone *


[...]

Projection et santé mentale

Quand un célibataire entre dans un ''cruising bar'' avec l'idée: "tonight is the night", habituellement, ça n'arrive pas ce soir-là, car c'est forcé et ces choses-là n'arrivent pas quand c'est forcé. Ça arrive quand on se sent bien dans sa peau et en pleine possession de ses moyens. Quand on est malheureux et misérables, il n'y a pas grand chose de bon qui arrive.

Dans des conditions de grande anxiété et de quasi-désespoir comme celles-là, on peut facilement s'imaginer que si un enfant arrivait, il aurait à porter quelque chose de très lourd pour ses pettites épaules; ce serait les rôles renversés: l'enfant devient le parent de son parent alors que le cadeau gratuit d'être adopté viendrait de prendre le bord. Il se sentirait probablament étouffé.

[...]

Cause sometimes that mountain you've been climbing
Is just a grain of sand
And what you've been out there searching for forever
Is in your hands
And when you figure out love is all that matters after all
It sure makes everything else seem
So small *


[...]

Image is everything

Elle ne m'a jamais lâché. Elle ne m'a jamais dit: "t'es depress, c'est correct d'être depress". Non. Elle ne m'a jamais laissé seul dans mon coin à m'auto-digérer. C'est plutôt: "envoye, deboute". "T'as l'aire fou de même, envoye, lève twé pis marche. Viens-t'en, j't'ammène manger au deli. Après manger, on fait quelque chose - mais pas dans maison. On va faire ce que tu veux, mais on ne va pas à maison."
J'imagine que j'avais grand besoin de changer d'aire. Elle à ben vu ça. Elle à vu aussi que, avec la face que j'avais, j'me rendrais nul part. Quand t'as une face de "beu", y'a personne qui veux te voir. Projette une image de depress et tu va te retrouver tout seul, mais projette une image le fun et tu va attirer du monde le fun. Elle s'est arrengé pour que je change de face.


Prend ton temps, mais dépêche!

La vie, c'est ben fucké. Faut toute faire vite, mais rien butcher. Faut que tout soit faite drète à la perfection, pour hier. J'imagine qu'y'a un juste milieu à trouver dans ce dilème de vite fait bien fait.

"Dépèche-toi à manger, faut j'aille te porter à l'école, mais oublie pas de manger ta pomme. Dépèche-toi de faire tes devoirs, faut t'aille à ta pratique de foot, mais fais-les comme y faut."

Et ça ne s'amméliore pas en vieillissant.

"Dépèchez-vous monsieur de curé, j'ai hâte de lever mon voile et d'y donner mon gros bec pour qu'on sacre notre camp dans l'sud." "Dépèche-toi amigo de m'donner mon drink, ça fait 3 minutes que j'attend su'l bord de la piscine sous un soleil magnifique."

Et là...

"Dépèchez vous de m'appeler et de m'envoyer l'enveloppe avec la photo de mon enfant." "Dépèchez-vous de m'shipper la-bas au plus criss." Dépèchez-vous de me rammener à maison avec mon bébé." Une fois arrivé à maison: "Ok là, vous pouvez arrêter le temps."

J'suis pas sûr que c'est ça que je veux enseigner à mon enfant; fais-toute vite mais prend ton temps. Fait un fou de moi pendant que je t'attend.

Je dirais plutôt "dépèche-toi à prendre ton temps".

C'est comme mon docteur en radiotherapie me disait:
"Prend pas ça à coeur, prend ça à l'heure."




2 comments:

Danielle said...

OUF! Papa Kaylie toi t'es un homme qui se tient debout...ça prend du courage pour raconter tout ça! C'est tellement vrai ton post!

C'est à mon tour de te dire CHEERS!

Danielle
xoxoxo

Grossesse Made in China said...

... Fuck les délais, fuck l'attente pis fuck le stress pis le rush... fuck... j'aime ça des blogs comme celui-ci... A grosse criss de réflexion.

Cheers, comme tu le dis si bien !