Tuesday, November 10, 2009

J'ai bypassé centraide

Le gars, y'était content! Il puait la cigarette et autres senteurs souvent liées au manque d'hygiène et aux sens des priorités; cigarettes "du Maurier" passant avant Ivory, mais y'était content. Au fond, c’est ça l’important.


Poupou faisait des dents, encore, je sais je sais, elle en a déjà plein mais ça l'aire qu'il y en a encore d'autres à faire... Faque poupou faisait des dents et bavait comme une arrosoir à gazon; chérie, ein où la moppe? Donc on était sur la fin puisqu'elle recommençait à manger normalement. Après un dodo de 3 heures, ce qui est assez long pour son habitude, elle s’est levée en pleine forme donc, on est allé faire un tour carosse dans les rues du voisinage; un beau dimanche après midi comme avant hier, c'est rare, faut en profiter avant qu'on soit pogné à ne plus voir le voisin d'en face à cause du banc d'neige.

Assis poupou dans la poussette, on est parti à gauche. Parké au coin, j'ai vu une van sur laquelle on pouvait lire Joe-Blo-chepu-trop-quoi-pis-j'm'en-calisse Contracteur / Entrepreneur, donc j'ai fait demi-tour sur un 10 cenne en ayant le petit fantasme de voir c'te van là, un jour, brulée jusqu'aux essieux. Faque finalement, on est parti à droite.

(note à moi-même: toujours laisser un briquet dans la poche de manteau)



J'me rappèle du temps où je travaillais à la CDP. La caisse de dépôt et de placement du Québec, c'était un bon mandat où j'ai apprit pas mal d'affaire. Entre autre, j'ai vu que de parfaits imbéciles étaient dans la position de tous nous laver et nous envoyer sul'yabe et bye-bye la pension, va falloir travailler jusqu'à notre mort... En tout cas, un vrai eye opener pour le petit consultant informatique que j'étais. Pendant le mandat, j'ai aussi vu Centraide rentrer de plein front dans CGI pour siphonner le cash des employés à même leurs cheque de paye et compte de banque ou sinon, en se mettant à genoux suppliant de donner généreusement puisqu'on vit dans le pays le plus pauvre du monde et que c'est ben épouvantable que de vivre dans un pays pauvre de même et bla-bla-bla, vot'record y saute Madame Gingras.

Ils ont distribués des cartons sur nos bureaux, grosseur de cartes postales sur lesquels fallait écrire le montant du don. Première insultes, y'a 5 cases à cocher:

- 40$
- 60$
- 80$
- 100$
- ________ Votre montant.


Eille chose! Eille! Oui twé! Une maudite chance que t'as mit une ligne en bas comme 5ième choix! 5 peut-être 10, mais certainement pas 40!!!

Deuxième insulte, y'a une case cocher au bas du carton avec une autre ligne qui dit que si vous choisissez de ne pas donner, cochez cette case et inscrivez votre nom sur la ligne.

Oh ben tabarnak!! C’est l’boute! Ça prend tu des nerfs pour faire imprimer une niaiserie pareil!

Faque à partir de c'te moment là, j'ai eu Centraide un brin de travers dans l'derrière.




Depuis qu'on est déménagé, on est pogné avec la laveuse et la sécheuse des anciens proprio dans mon garage. Leurs machines sont encore bonnes mais les nôtres étaient plus récentes, donc le choix était simple. J'ai pensé les vendre mais ça gossé et j'ai manqué de temps pour prendre les photos et mettre tout ça sur Kijiji. Finalement, on a essayé de les donner. Donc, fais des appels à l'armée du salut, aux centres de charités de la place, etc. Pas moyen de rejoindre personne, pas l'temps de venir chercher, bla-bla-bla. Pis j'tanné en maudit que ça prenne de la place inutilement; j'veux juste m'en débarrasser - gratis - je ne demande rien. Venez juste les chercher, pleeeeease. J'commençais à penser que j'allais être pognée avec ces deux maudites machines là dans mon garage pour toute l'hiver.

- Pourquoi tu met pas ton char dans l'garage, t'as un garage, profites-en, tu pourrais partir travailler le matin avec un char chaud, tsé, c'est nice un garage!

- Ne-non, j'aime mieux laisser mon char dehors dans l'frette, me geler l'cul l'matin et garder des vieilles laveuses dans mon garage!




Faque finalement on est partit à droite. Poupou et moi, on a prit la petite rue juste à côté, tranquillement pas vite, et comme ça, on fait l'tour du bloc. J'ai viré l'coin et j'ai vu un pick-up avec 2 gars en train de loader ça, solide. Solide dans l'genre y'avait du stock 6 pieds par dessus la cabine. Comme c'est sur mon chemin de tour de bloc, je m'approche et j'me rend compte que c'est évidement dimanche et que le lundi chez nous, c'est jour de vidanges; ces gars là étaient en train de débarrasser les affaires du monde qu'il peuvent arranger et possiblement revendre: vieux vélo stationnaire, écran d'ordi, vieille tv, etc. Le truck était plein à craquer de crap du genre. J'arrive à côté des gars et j'leur demande de confirmer mes impressions.

- On ramasse les vidanges du monde, les vielles affaires qui peut-être marchent encore.

- Laveuse / Sécheuse, êtes-vous intéressés?

- Certain qu'on est intéressé. Ehhh, ben, là, on est un peu plein...

- (no shit) ...

- Mais on va faire un autre voyage dans 1h.

- C'est bon!


Yeah, enfin! J'y ai donné mon adresse, "les machine vont t'attendre dans mon driveway" et je fini ma marche avec poupou.


Un peu plus tard, j'entend un pick-up reculer dans ma cour, c'est le gars et il est accompagné, cette fois-ci, de ce qui semble être sa conjointe. J'ouvre la porte, j'me pointe la face et je confirme.

- Vous venez pour les machines?

Y débarque du truck. Sa femme aussi et me salut d'un peu plus loin. Du premier coup d’œil, ça me semble assez défavorisé merci. Les deux étaient habillés (habillés est déjà un bien grand mot) de pantalons troués, souliers déchirés et de manteaux usés aux manches noircis par le travail, les années et l'espoir de toucher un jour, le soleil. La senteur de cigarette le suivait avec ce destin qu'il n'avait surement pas choisit, mélangé avec un manque d’hygiène corporel. Avec toute cette odeur de "du Maurier" et le reste, j'me suis dit que j’aurai dû oublié 2-3 Bouce dans 'sécheuse... Il marcha vers moi et me serra vigoureusement la main.

- Eille man, un gros marci man, t'es vraiment sharp de m’donner ça d'même.

- Ehhh ben ehhh, bienvenue. Ça fait plais...

- Y marchent-tu encore, les machines?

- Ben oui. 'Sont vieilles mais ça marche.

- Eille, t'es trop cool man, t'es vraiment sharp man.

J'commençais à être gêné, donc j'ai décidé de virer le sujet en essayant de ravoir ma main.

- Vous savez, on a essayé de les donner à des organismes de charité, mais ça l'aire que c'est pas simple; soit qu'ils n'ont pas le temps, pas les ressources, che pas trop, mais c'est pas simple.

- Ouan, ben nu-autres, on pogne pas mal d'affères des prôôôgrammes communautaires de charité parce que tsé, on vit d’in projat, pis les wâââshin’ machine, y marchent po.

- Ah oui.

- Ouan, 'marchent po, faque on va les garder pour nu-autre, les machines. Ordinairement, on vend les affaires qu'on trouve sul’bord du chemin pour se faire un peu d'argent d'extra, réparer l'truck, acheter des cadeaux à la p'tite, des affaires de même...

- Ah oui.

- Mais là, esti, on va pouvoir laver not' linge. T'es vraiment sharp man! Trop cool!

- Ah oui…


On sent la victoire dans sa voix, les sourires fendues, le cœur à la bonne place, ils s'empressent de monter tout ça dans la camionnette. C'est Noel. Je les regarde placer leurs nouvelles-vieilles machines et j'hallucine; peut-être la senteur qui m'buzz, mais probablement que j'me suis rendu compte du grand-canyon qui sépare nos classes sociales. Ses paroles sonnent encore dans ma tête comme le clocher de Notre-Dame: "... acheter des cadeaux à la p'tite". Comme ils s'affairent à strapper la sécheuse, j’imagine poupou qui va développer des centaines de cadeaux de noël jusqu’à épuisement complet et j'me demande si sa p’tite... J'espère... Je l’souhaite... La réalitée est que.... Je sais. C'est triste tout ça; ces pauvre enfants qui eux non plus, n'ont pas choisit leur destin...


Le gars, y'était content. Mais moi aussi, j’étais content. Too bad pour Centraide; mon don et mon panier de noel, cette année, je l'ai donné en main propre – do not pass go, do not collect 200, direct là où il y a le besoin. Moi aussi j’étais content.

Wednesday, November 4, 2009

L'idée refait surface

À chaque 5-6 mois, la même pensée, la même inquiétude. Mon passé de jeune cancéreux revient me hanter comme la psychose des fans des Nordiques. Vivre avec cette maladie là, même 8 ans plus tard, demeure omniprésent; le tatoo de mon subconscient. Ça subsiste dans le fond de mon mwé-même pendant un boute, et de temps en temps, je vois l’idée remonter à la surface tel un corps mort de contracteur flottant gaiement dans l’Saint-Laurent (et qu’on ira repêcher plus tard - y’a pas de presse puisque c’est juste un contracteur). Et pis non, je n’ai pas besoin de thérapie, merci beaucoup de votre considération.

Je pense que cette fois-ci, c’est la faute à Dr. Reckeweg.

J’étais chez un de mes amis l’autre jour et je lui ai parlé de mon mal de gorge. Cela faisait un bon 3 semaines que j’avais c’te mal. Tsé, le brulement irrité genre outch quand on avale. Un vrai bon mal de gorge. Ça. Pendant. Trois. Semaines. Tanné. En. Osti.

Donc, j’suis assis à sa table de cuisine pis on jase, mais ça ne semble pas s’améliorer c’te soir là. Je me plain que j’ai mal à la gorge quand j’avale et il me répond: « Essaye Reckeweg homeopathique, ça marche ».

Bon. Déjà que je n’ai jamais été vraiment convaincu de l’efficacité de la médecine à base de gazon et autres boute de haie et branches d’arbres, mais depuis que je vois Mister CEO Chairman de Glaxo avec le cul plein d’marde qui promet des doses de vaccins pour tout le monde et qu’y nous chie dans’mitte, je, comme dirait l’autre, perd confiance.

Faque met les tite gouttes de R45 Dr. Reckeweg dans un verre d’eau et shwoup.

J’ai fait ça aux 4 heures pendant 48 heures. Résultat, pus de mal de gorge. Finnito le mal de gorge. That’s it, that’s all, on passe à un autre appel.

Fin de l’histoire - Ben nooooh...

Le troisième jour, l’idée me remonte en surface. Encore. Mais cette fois là, c’est pas psychosomatique, c’est pas juste entre mes deux petites oreilles hyper-affutées. J’ai comme une sensibilité. Un inconfort... C’est buggant, mais c’est pas trop grave, j’vais vivre avec, c’est pas la première fois.


Le lendemain, ce n’est plus pantoute la même affaire. Ça fait mal pour vrai. La cloche sonne fort et ça urge. 811 Madame info santé allo, j’ai de la misère à me tenir deboute. Et là, tout ce que je pense: mon cancer est revenu, mon cancer est revenu. Criss de calvaire, j’pensais que j’en avais finni de c’te maudite aff.... Tsé, en tout cas... Donc, je pogne mes clefs et la rocket Corolla fly sur Boul. Hymus en direction de l’urgence.

Une heure et demi d’attente dans la super sale d’attente du Lakeshore Hopital (ce qui est quand même pas si tant pire) et ça dit mon nom dans le merveilleux speaker qui griche que l’yabe (ben là, on n’peut pas toute avoir) mal vissé dans l’plafond. Déshabille, enfile la petite jaquette couleur aqua mega-viril, et prend le soin de bien déposer mon linge, mon porte-feuille et mes clefs juste à côté de ma dignité. Le doc rentre, check tout ça, me dit qu’il faut paser une écho et m’envoie au département de radio. Attend quelques minutes, la petite madame vient me chercher, couche sur la table, shoot le lubrifiant tellement frette que j‘ai l‘impression qu‘il garde la bouteille dans un fridge et qu‘il la sorte juste avant qu‘on arrive, me passe la machine à échographie, « les résultats vont retourner à l’urgence donc, vous devez retournez là », débarque de sur la table, beu-bye.

De retour à l’urgence, je me suis rassit dans le nuage de contamination 10-15 minutes. On dit mon nom donc, je part revoir le doc.

- Excellente nouvelles, vous n’avez rien!

- Comment ça je n’ai rien?

- Vous n’avez rien monsieur. Pas de cancer, rien.


- Rien?

- Rien. Vous êtes en pleine santé.

- Eh ben!

- J’ai vérifié avec la radiologue et tout est beau.

Mais là, j’sais pas trop comment lui dire ça...

- Mais heuuu, j’ai encore mal...

Pas d’explications, fuck-all.


Bon ok oui, je n’ai pas plus de cancer qu’avant, mais va falloir que je vive avec c’te mal là. J’espérait pas vivre avec ça pendant un an, que ça passerait assez vite.

J’peux pas décrire ma démarche pour me rendre à l’ouvrage le lendemain, mais disons juste que ça m’a prit le double du temps.

Trois jours plus tard, good news, presque plus de mal. Pratiquement plus rien. Et c’est là que ça m’a frappé. Reckeweg! Je n’ai jamais eu c’te genre de mal là de ma vie et je n’ai jamais pris de ce stuff là de ma vie; et les 2 dans le même 72 heures. 1 + 1. Je ne vois pas autre chose...

Finalement, ça a prit un produit homéopathique à base de gazon pis de branche d’arbres pour me remonter en surface l’idée que j’peux crever là, maintenant, à tout instant et tant qu’a tapper des niaiseries dans un blog, j’devrais passer plus de temps avec poupo; demain, j'pourrais ne plus être là...

Sunday, November 1, 2009